Mon portrait
Je mesure un mètre quatre-vingts, taille qui sortait de l'ordinaire il y a deux siècles, lorsque j'étais un jeune mortel. Ce n'est pas encore si mal aujourd'hui. Mon épaisse chevelure blonde et bouclée me descend presque jusqu'aux épaules et parait blanche à la lumière artificielle. J'ai les yeux gris, mais ils absorbent aisément les teintes bleues ou violettes des surfaces qui m'entourent. Mon nez est plutôt court et fin ; ma bouche bien dessinée, mais un peu grande pour mon visage. Elle peut prendre un pli fort méchant ou extrêmement généreux, en tous cas toujours sensuel. Cela dit, mes émotions et mes attitudes se reflètent dans mon expression toute entière. J'ai un visage constamment mobile. Ma nature vampire transparaît dans ma peau excessivement blanche et réflectrice, qu'il faut poudrer pour son exposition à tous les objectifs, quels qu'ils soient. Et si je suis en manque de sang, je suis à faire peur : la peau fripée, les veines saillant comme des serpents autour de mes os. Mais ça ne m'arrive plus à présent. Le seul indice de ma non-humanité, ce sont mes ongles. Comme tous les vampires, d'ailleurs. Nos ongles ont l'air d'être en verre. Et certaines personnes le remarquent, alors que tout le reste leur échappe.
Ma vie mortelle
Ne pouvant prétendre ni à la fortune inexistante de mon père, ni au titre réservé à l'aîné de mes frères, ma destinée semblait toute tracée : passer ma vie au château familial à chasser pour nourrir ma famille. Mais je me suis toujours révolté contre l'ordre établi. J'ai tenté deux fois de m'enfuir du château, sans succès : mon premier voeu était d'entrer dans les ordres, de devenir moine, mais ce désir fût contrarié par mon père et je fût ramené de force au château. J'essaya ensuite de m'enfuir avec une troupe de comédiens et découvrit ma véritable vocation : être acteur. Mais mon désir fût encore une fois contrarié par ma famille. Je me résolut donc à passer mon temps à chasser dans le domaine familial et à débarrasser le village voisin des meutes de loups. Je partit un jour dans la montagne, accompagné de mon cheval et de mes chiens, et j'extermina une meute de huit loups, ce qui me valut une certaine reconnaissance de la part des villageois, et me permit de me lier d'amitié avec Nicolas, le fils du drapier. A deux, ont décidèrent en 1779 de fuir l'Auvergne pour Paris, où je voulait devenir acteur et Nicolas musicien. Ont fût tous deux engagés au théâtre de Renaud, situé boulevard du Temple à Paris, où ils pût quelques temps exercer leur art.
Ma transformation
Peu après avoir été engagé au théâtre de Renaud (qui allait par la suite devenir le Théâtre des Vampires dirigé par Armand), je fût enlever par Magnus, un vampire agé souhaitant trouver un héritier avant de mettre fin à ses jours. Je séduis Magnus, par mon courage et ma beauté, et malgré un refus énergique, il m'obligea à accepter le don qu'il m'offrait, à savoir l'immortalité, la jeunesse éternelle, la force et les pouvoirs surnaturels, mais aussi la soif inextinguible de sang, l'obscurité de la nuit, la solitude et les doutes. Il me transforma donc en vampire, sans mon consentement, puis m'abandonna pour se jeter dans un brasier.
Mon caractère
Etant immortel, je continue d'aimer les mortels et de les trouver fascinants ; j'éprouve toujours des émotions intenses envers eux. Bien sur, cela ne m'empêche pas de tuer pour survivre, car je suis avant tout un être surnaturel, un vampire avide de sang. Cela me conduit à qualifier le monde de "Jardin Sauvage dans lequel seules les lois esthétiques règnent" : pour moi, le monde est une jungle où les plus forts éliminent les plus faibles, où les plus beaux sont choisis au détriment des autres ; la force et la beauté sont reines et le monde est gouverné par celles-ci. Mais mon amour des mortels me conduit à vouloir redevenir l'un deux : paradoxalement, tout en aimant être ce que je suis, je suis torturé par ma condition de vampire, par mon obligation de faire le mal pour pouvoir vivre, ce qui m'est difficile à supporter. Cependant, lorsque l'occasion m'est donnée de redevenir mortel, je me rend compte que toutes mes illusions concernant la condition de mortel sont fausses et je préfère sans aucune comparaison être vampire que simple mortel. Surnommé par mes pairs le Prince Insolent je reste très impulsif et non disposé à me plier aux divers règlements édictés par mes congénères. J'ai toujours été sauvage et n'ai jamais voulu obéir à personne. J'ai toujours contesté l'ordre établi : Au tout début de ma vie de vampire, je commence par transgresser, sans le savoir, les règles établies par le clan du Théâtre des Vampires à Paris, en déambulant parmi les mortels, en entrant dans les églises, et en créant une enfant vampire.
Mes enfants
Je n'aime pas la solitude. Comme la plupart des vampires, j'essaye de trouver des mortels qui puissent devenir mes compagnons d'éternité. Mes relations sont plus ou moins heureuses selon les mortels choisis. A l'heure actuelle, j'ai créé cinq vampires : Gabrielle (1780), ma mère mortelle très solitaire qui a fini par s'éloigner de moi ; Nicolas (1780), mon meilleur ami lorsqu'il était mortel, qui est devenu fou et s'est suicidé ; Louis (1791), jeune planteur de Louisiane, cynique et désespéré ; Claudia (1794), l'enfant vampire qui s'est retourné contre moi, a essayé de m'assassiner et qui, pour ce geste, a été condamnée à mort par les vampires du Théâtre des Vampires ; et enfin David, le supérieur général du Talamasca, l'ordre de "détectives psychiques" chargé d'observer et de consigner les phénomènes paranormaux. J'ai aimé chacune de ces personnes et continue de les aimer aujourd'hui.